mercredi 20 mai 2009

L'Affreux. (2)

Je n'ai plus de nouvelles de l'Affreux, depuis plus de deux ans de rupture. J'en suis soulagée, je pensais qu'à amis communs, nouvelles récurrentes. Mais quand on se sépare au bout de six ans, on partage également les amis, comme les assiettes de porcelaine brisées.

On avait si bien commencé, que théoriquement, je pourrai avoir des regrets que ce se soit un jour terminé. Je n'en ai aucun. C'est une peu comme si ma vie avait commencé le jour où je suis partie.

La décision a été longue à prendre. Presque deux ans, à me dire qu'il fallait que je m'en aille, sans en avoir le courage, sans imaginer comment je pourrai le faire. Sans savoir non plus comment je pourrai supporter ça plus longtemps. On croit toujours que la vie est plus dramatique chez les autres. Je croyais que ce n'était qu'une période, que je n'avais pas pu m'embourber avec quelqu'un comme ça. Je ne croyais même pas qu'un jour je côtoierai quelqu'un comme ça.
Il fait partie des gens qui ont choisi d'être méchants en retour d'un complexe d'infériorité maximal et permanent. J'ai d'abord pris le rôle d'écouter ses plaintes, de soutenir ses théories, ce qui est normal dans un couple, d'appuyer ses initiatives. Consécutivement, j'ai dû partager les échecs, et y prendre ma part de responsabilités, et de blâmes en retour.

Au final, il m'a tout volé. Ma libido, ma bonne humeur, mon amour propre, ma fierté, mon orgueil, ma confiance en moi et en les autres. Je suis devenue le déversoir de ses sautes d'humeur, de ses colères, de ses frustrations. Supporter ses remarques, ses crises, ne même plus s'en offenser, les connaitre par cœur. Les justifier à ceux qui arrivaient encore à s'en offusquer. Les justifier à moi même. Supporter cette intimité forcée, émétisante, dégradante, et se réconforter d'excuses et d'attitudes rassurantes trop rares et circonstancielles.

Deux ans pour comprendre qu'il ne changerait jamais, et que malgré tout, la vie ne pouvait pas être pire sans lui. Il ne me fallait qu'un déclencheur. Une toute petite chose pour comprendre qu'il y avait une vie derrière mon monde. Ça a été le Diable. Ma sortie d'autoroute. Une envie retrouvée, ne pas en avoir honte, m'en satisfaire.

Le jour J n'a pas été ma journée de pleurs a lui dire que plus jamais il ne me verrai et ne jouerai ce jeu avec moi, à prendre mes fringues et partir passer mes exams en vivant chez une amie et espérer qu'au retour il aura fui aussi.
C'était deux jours avant. C'était aller chez le Diable, en avoir le courage. Cesser d'y penser et briser le verre. Anéantir 6 ans en une heure. Détruire ma part de notre histoire, irrémédiablement, pleinement consciente que c'était mon point de non retour, c'était ma seule entorse au contrat.

Je ne lui ai jamais dit, alors que ça aurait été si simple, de faire un peu mal moi aussi, de montrer que je pouvais me montrer aussi abjecte qu'il l'avait trop été. Je n'en ai pas eu le courage. Mais j'ai pu lui dire tout ce que je pensais de notre histoire, calmée que j'étais, rassurée, persuadée que n'importe quel ailleurs ne pouvait qu'être meilleur et plus respectueux. Crie, autant que tu le voudras, brise tout ce que tu veux, je ne suis plus là pour le voir. J'agis calmement, prends exemple et vois comme jamais je ne douterai de ma direction.

Partir les yeux pleins de larmes, mais légère, libérée de moi même, impatiente de la suite, et sereine. Sans aucune hésitation, sans aucun doute, sans aucun retour en arrière. Être certaine de ma décision, en être heureuse, presque fière.

4 commentaires:

  1. Bonjour jeune fille...
    J'ai été touchée par ton post. J'écris un article sur mon blog sur le profil des garçons narcissique-oppresseurs tels qu'en ont connus pas mal de mes copines.
    Tu veux bien que je mette un lien vers ton article à titre d'illustration ?

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  2. Bien sûr, pas de problème. Il y a cependant quelques différences avec les hommes décrits dans ton article. Mais avec plaisir. :)

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  3. Bien sûr, c'est pas universel mais ton article m'a beaucoup fait pensé à l'état de dévastation que j'ai observé chez amies victimes... ;-)
    Mais si tu veux amener des nuances, te gêne pas.

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  4. J'ai été ce mec là ... Enfin un mec comme ça ... Je me permets donc de m'excuser en son nom

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