J'ai perdu plus que l'homme que j'aimais. J'ai perdu celui qui m'aimait, le seul qui l'avait vraiment fait jusque là. J'ai perdu le seul qui croyait à du bon en moi, à cause d'une situation claire dans ma vie, moins claire dans ma tête, pourtant solutionnée.
Des chagrins d'amour tout le monde en a. Tout le monde s'en remet il parait.
C'est horrible de se sentir coupable de cette rupture en ayant pourtant pas eu d'actions répréhensibles, de sentir son monde se dégonfler sous ses pieds. De comprendre tout ce qu'on a pris pour de l'indifférence, et qui n'était que tact et intimité.
Les larmes si longtemps contenues sont à présent des fleuves sans rives.
Je voudrai pouvoir me taper dessus, me dire qu'après tout je n'ai que ce que je mérite, et repartir en me disant que les choses sont telles qu'elles sont. Au lieu de ça j'hurle pourquoi... J'en viens à me dire que je préfèrerai oublier, oublier ce que c'était que l'amour, oublier ce à quoi je dois renoncer, oublier ce qui me brûle de l'intérieur. Renoncer à ce qu'on avait, renoncer à ce qu'il avait fait de moi.
Je ne demande rien d'autre que d'arrêter ce flot de larmes, cette tristesse qui m'étouffe. Je voudrai être restée insensible à jamais. Je voudrai pouvoir prendre toute la peine pour moi en guise de fardeau.
Lui dire, que même s'il n'y a rien eu, je suis désolée, infiniment désolée, que je sais que ça n'allège pas sa souffrance mais que ça délie la mienne. Désolée de l'avoir blessé, désolée de ce qu'on a perdu, désolée qu'il ait cru comme moi que rien ne nous séparerait jamais. Désolée d'avoir fait autant de mal. Désolée d'avoir été aussi bien avec lui. Désolée d'être un mauvais souvenir. Désolée que ça ait tout gâché.
Prendre toute notre souffrance et la garder. Mais de manière juste, ma peine est bien à la hauteur. Plus rien n'est important, sinon de sentir chaque morceau de cette horreur, de m'en imprégner autant que possible, de m'y trainer dedans tant que ça blesse.