mercredi 15 avril 2009

Garde aux Urgences.

Objectifs= Éviter la réa, éviter le déchocage, éviter d'y penser. Et soigner des gens, ou au moins essayer.
Résultats= 1/3, au prix d'un esclandre professionnel. Je m'en sors bien, si on peut dire.
C'est la fin de l'année, alors on nous attribue des "plus petits externes" avec nous. Ils posent plein de questions, c'est agréable, la mienne porte un serre tête avec un nœud blanc et est efficace, comme quoi... Un chef et un infirmière que je connais bien. Un interne de premier semestre. Ca aurait pu être pire.

80 ans, bleue comme un jean, sifflante comme un train. Pas d'infirmière (café), pas de chef(??). Je fais l'entrée, je vois la dame, qui est incapable de parler. Je lui fais sa gazo avant de la saupoudrer d'oxygène. Pas d'infirmière, le bilan ce sera pour moi aussi. Je me dépatouille comme je peux, mal. Je donne la gazo à Mlle serre-tête, et lui demande d'aller la faire en réa, gentiment. Elle reste à me regarder chercher désespérément une veine (et mon infirmière). Je lui redemande d'aller s'occuper de ça. Elle me répond qu'on peut l'envoyer avec le bilan, que ça ira presque aussi vite. Je sais plus exactement ce que j'ai répondu, mais quelque chose comme "tu as le choix d'aller la faire directement quand je te le demande gentiment, ou tergiverser, demander au sénior, qui finira par te dire la même chose, sauf que tu auras perdu dix minutes, alors rends service à tout le monde, et fais le." C'était à peu près ça en un peu plus sec, et en largement déplacé, hors de mes compétences. Elle a qu'un an de moins, j'ai pas à lui hurler dessus. Je n'ai à hurler sur personne. Elle y est allée. Il était hors de question que j'aille moi en réa, et de toute façon, il la fallait vite cette gazo. Derrière, l'infirmière venait d'arriver. Je me suis excusée par la suite. Mal.

J'ai mis une bonne dizaine d'alcooliques dehors, récolté un accident de motoculteur, amené par le plus suffisant des médecins du SAMU qui s'est empressé de sortir son putain de sourire Colgate.

J'ai dormi dans une chambre d'externes dont un mec qui ronflait. Quand enfin j'ai commencé à m'endormir, je me suis réveillée en rêvant de lui. Encore, même à l'hôpital, même quand je suis de garde, même quand je n'ai qu'une heure de sommeil. De colère, je suis redescendue bosser, avec lui en tête, forcément. Et évidemment, le retour à la maison est douloureux. C'est de plus en plus douloureux. Le manque me rend irrationnelle. J'ai mal partout, mal au cœur, l'esprit embrumé. Cette situation n'a pas de sens. Et c'est peut être ça le plus dommage.

1 commentaire:

  1. vraiment bien ces récits, j'en redemande! pour le sourire colgate je soupçonne aussi parfois le diplôme colgate, genre trop balnc pour être blanc... no comment!

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