J'ai un prénom qui sonne comme un vieux film Français, et l'apparence qui ne va pas avec. J'ai les cheveux blonds, juste assez longs pour qu'on me qualifie de blondasse. Toujours très lisses et sages, sauf quand je suis de mauvaise humeur. Bercée depuis toute petite par notre belle société, j'ai même eu le corps qui va avec. Un ou deux kilos en trop, mais bien placés, peuvent si la tenue avantage, me faire passer de la case ni grosse ni maigre à pulpeuse. Un rêve de préjugés et d'idées toutes faites, que j'entretiens à loisir, plus ou moins consciemment. Ma mère ne m'a pas fait intelligente, mais horriblement bosseuse. A m'en rendre malade parfois. Tu seras avocate ma fille. Raté, ce sera médecine. Peu importe, ça rentre dans les cases sociales. Et dans ce monde, quand on est travailleur, absolument aucune situation sociale n'exige d'être intelligent. C'est ce qui me différencie de la coiffeuse (je n'ai rien contre les coiffeuses, elles me le rendent bien), j'ai plus travaillé.
Alors la première impression étant toujours la bonne, je suis souvent un délice de blonde écervelée, socialement hissée à bouts de bras et de par cœur. Et, la plupart du temps, ça me convient, j'en donne même un peu plus si nécessaire, à foison, tant que le fond de commerce fait effet. Certains ont gratté un peu, ont vu la vraie, ne le reconnaitront jamais. C'est compliqué dessous, effrayant. Je suis comme un chocolat. A vue de nez, rien de sorcier. Tu croques dedans, tu t'attends à du praliné et c'est une liqueur infâme. Ils auraient pu le marquer sur l'emballage.
Je fais partie de ces filles que les hommes regardent du coin de l'œil, sans savoir quoi en faire, mais en sachant très bien ce qu'ils ne veulent pas en faire. Bon, il y a ceux qui s'en foutent, normal. Certains ne viendront jamais, pensant que le dedans est comme le dehors, un peu trop "trop". Dans ce groupe, il y a ceux qui font leur vie, et ceux qui pour compenser, seront désagréables, sans raison. D'autres viennent, et lancent le dé, veulent mon cul, en accord avec ce que je leur donne à voir. Si je suis d'humeur détestable, et eux détestables tout court, je leur prête. C'est dingue comme il est rare de trouver des hommes corrects pour une baise d'un soir. Non vraiment, pour s'humilier en toute tranquillité, les pires sont les meilleurs ; par chance, ils sont nombreux. Par chance encore, ils sont sûrs d'eux.
Parfois, ils se connaissent. Et malgré l'indifférence que j'ai pour eux, je me dis que chacun doit se dire que c'était pas bien compliqué. Ils en parlent probablement, satisfaits d'établir la fiche récapitulative. Mon dieu, s'ils savaient. On reste toujours décisives. Si on ne veut pas, on ne fait pas. Je ne côtoie majoritairement que des gens fréquentables qui ne forcent personne, du moins physiquement. Je n'ai jamais eu la force de leur expliquer, mais l'envie ne manquait pas, pendant plus qu'après. Abruti, tu te dis que tu es vraiment trop fort de me baiser et de repartir le lendemain en vitesse? Pauvre de moi, abandonnée. Ignare que tu es. Tu m'as baisée parce que je l'ai décidé, toi plus qu'un autre par hasard, parce que tu étais agréable, parce que j'ai répondu à tes petits coups d'œil entendus, que j'ai ri à tes blagues stupides, et qu'à un moment, j'ai voulu rentrer. Tu m'as fait ce que je voulais, même si ce n'était pas joli. La merveilleuse partie était celle où je prenais prétendument mon pied sous leurs yeux. Mon dieu, tous y ont cru. Ca ne doit pas être dans leurs habitudes, ils en sont arrivés à croire qu'on peut honnêtement jouir quatre fois en dix minutes. Non, c'est que c'est bon, assez, dépêche toi. Et vas-t'en. Tu crois que tout ça est arrivé par l'attirance, la magie du moment, ton charme indescriptible et ta facilité à embobiner? Affligeant. Tu as servi comme tu devais, mal, vite, et de manière illusoire. Maintenant dehors, avant que j'aie mal à nouveau. En colère, contemplative de leur bêtise et moqueuse envers eux, je ne pensais plus au reste autour. Aucun n'a jamais eu cette sensation. Les moins cons se sont dits qu'ils étaient tombés sur une fille hyper à l'aise. Tous sont repartis vainqueurs. C'est encore mieux.
Un seul, une fois, m'a dit "je prendrai bien ton numéro avant de partir, mais je sens que tu m'apporteras trop d'emmerdes, et que tu n'es pas cette fille là, je ne suis pas sûr que tu sois celle que tu prétends. Et c'est celle que "tu vends" qui m'a attiré". Celui là, j'en ai fait un ami, on en a ri et l'envie de mon cul lui est passée rapidement en me connaissant, peut être parce qu'il a refusé de me servir.
Il y a eu le Diable, dans aucune case prédéfinie, qui s'est créé la sienne à mon insu. Le plan cul voulu à l'époque. La régularité dans le chaos. Et le contraire. Par envie de cul au début, de séduction et d'un truc qui sortait de mon ordinaire désespérant. Par la suite, c'était parce que c'était bien, et pratique, pas envahissant.
Les derniers sont ceux qui croient vraiment au praliné, je me suis emplie de praliné tout entière pour eux, jusqu'au jour où je finis par puer la liqueur. Certains l'ont mérité, d'autres nullement.
lundi 6 avril 2009
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Je me sens (parfois) mal à vous lire Miss E: un peu de ce dégout que l'on a pour les gens qui, en voyeur, scrutent l'intimité des autres.
RépondreSupprimerMais c'est bien gribouillé comme j'ai déjà pu le dire. Que cela soit rose ou gris dans tes neurones. Pas mal "d'humour propre" dans les deux cas. Donc j'y reviens(drai)...