jeudi 23 avril 2009

Rêve éveillée, et ne t'endors pas....

J'ai craqué. Ce soir, j'ai bel et bien craqué. C'est venu plus ou moins de nulle part. La tristesse calme s'est transformée en torrent de larmes, de détresse et de désespoir.
Je ne sais pas ce qui m'a remué, je ne sais pas ce qui a déclenché ça. Trois heures ou presque à pleurer, hurler, tourner en rond chez moi, à me calmer, retomber, m'allonger sur le carrelage, aller regarder ce visage que je hais dans le miroir, pour me forcer à arrêter de pleurer, en vain. Même ce spectacle affligeant de banalité et de théâtralisme probable ne m'agace pas au point de piquer ma fierté inexistante et ne me fout pas ce coup de pied au cul. Alors fatiguée, épuisée de chercher de quoi arrêter ce torrent de larmes, j'ai craqué. Je l'ai appelée, elle n'a pas répondu.
Je suis repartie me coucher, j'ai cherché le moelleux de l'oreiller pour hurler silencieusement dedans. Trois heures après elle a rappelé. A ma voix, sa première réaction a été de me demander si j'avais fait une connerie, si j'avais besoin qu'elle vienne me voir. Elle a compris que la crise était bel et bien là, et qu'aucune "connerie" ne l'apaiserait.
J'ai fini par le dire, fini par demander pardon, fini par supplier que tout ça s'arrête, qu'on me rende cette fille insensible que j'étais. Par lui expliquer que je voulais juste appuyer sur pause, et me réveiller en Novembre, loin de ça, loin de cette nausée perpétuelle. Elle a répondu calmement qu'elle appuierait bien sur pause à ma place mais que ce n'est pas possible. Que le seul moyen que j'ai de le faire, c'est de m'occuper, de bien vouloir passer à autre chose. Elle a raison. Le problème, c'est que je ne veux pas passer à autre chose.

Mardi, vers 16h, j'étais à la bibliothèque. Le ciel était blanc tellement il y avait des nuages, il le reste toute la journée, il n'indique pas quelle heure il est. De ma place je n'avais vue que sur le ciel, pas d'autre chose dans le décor. C'était calme, tout le monde était silencieux. J'ai regardé dehors et je me suis imaginée au mois de mars. Il y avait eu exactement le même ciel, moche et blanc. Je me suis accordée trois minutes pour rêver qu'il était 10h et pas 16, qu'on était en Mars, je travaille sagement toute la journée, j'accompagne tout le monde au resto universitaire, je prends un café et un kit kat à 17h et que ce soir, je le retrouve après une journée comme les autres, je sors en écoutant Katy Perry dans mes écouteurs, j'ai mal aux pieds dans mes talons trop hauts qu'il me permet de porter, je cherche longtemps mes clés avant de les trouver et ça m'agace doucement, je jette les écouteurs sur le bureau, je lis mes mails en buvant un jus de fruits, je me prépare, je l'attends impatiemment chez moi, en trépignant comme une enfant. Je mange Indien avec lui ce soir. Il me parle de nos vacances. J'attrape mon bip dans mon sac pour lui ouvrir. En rentrant, il se brosse les dents plus vite que moi, et se jette sous la couette. Je m'endors contre lui, doucement, je le sens dans le creux de mon cou. Le ciel est blanc, on est en Avril, il n'est plus là pour tout ça. Il n'est plus là.

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