jeudi 23 avril 2009

Onirisme insomniaque

Je déteste mes nuits. Je déteste me coucher, même si je n'ai rien de mieux à faire, et qu'après tout c'est la seule échéance de la journée. Je tourne, vire, toute la première partie de la nuit, je dors mal, je me réveille, je me rendors, je m'énerve.
La deuxième partie de la nuit est pire. Parce que je dors bel et bien, et que pire, je rêve. De lui. Et là où je rêvais du passé principalement, je me mets à rêver d'un futur qu'on n'aura pas, de bonheurs simples qu'on ne partagera pas.
Je me réveille atterrée de ma bêtise, de ma stupidité onirique. Je finis par me lever, ne supportant plus ces draps partagés, pour aller échouer sur le canapé. Je prends quelques heures au calme, dans l'obscurité, dans le silence général, et j'impose la réalité cinglante à mon cerveau, difficilement. Je ne sais pas ce qui est le plus dur, savoir de quoi on est privé ou l'oublier ponctuellement. J'essaie d'aller me recoucher. En vain. Il est trop tôt.

Il y a quelques mois, j'avais eu une discussion avec elle, sur la place qu'on donnerai dans dix ans à notre travail. Ses parents sont fonctionnaires, ils ont passé leurs vies à l'élever elle et sa soeur, ont profité de leurs enfants. Ma mère est fonctionnaire, elle a passé sa vie à s'occuper d'elle, et à m'apprendre à m'occuper de moi. Alors elle m'expliquait que son choix de spécialité prendrait en compte la vie qu'elle souhaitait avoir. Pour ma part, j'avais compris, mais j'avais dit que j'avais laissé à mes cours les plus belles années de ma vingtaine, là où tout le monde festoyait, et que ce ne serait pas pour rien, je ferai quelque chose qui me plaît, j'ai encore la candeur de me dire que mon boulot me passionnera, me donnera envie de m'y lancer à corps perdu. Jamais je n'ai envisagé travailler pour vivre.
Sauf peut être avec lui, quand il parlait de bateau, de remplacement itératif, de bout du monde et d'évasion. Là ça prenait un sens. Aujourd'hui, tout ce que je peux faire, c'est travailler juste assez peu pour ne pas m'offrir le choix de ville, être forcée de partir, et ne pas le faire de plein gré. Je ne veux pas avoir à me poser cette question. Pas d'îles non plus, c'est pour lui que je serai partie là bas, en l'y attendant.
La semaine dernière, on a eu à nouveau cette discussion, aujourd'hui, plus rien ne m'importe, si ce n'est n'avoir aucun choix possible, et surtout, n'avoir aucune décision à prendre.

1 commentaire:

  1. nicolas_durand_2@yahoo.fr23 avril 2009 à 23:20

    Comme déjà écrit dans qqs commentaires précédents (du mois d'avril), je pense sentir ta douleur ayant connue une semblable (et, oserais-je l'écrire, même si les douleurs ne se ressemblent pas et que je ne rentrerai pas dans les détails, même un bon cran au-dessus).

    Je suis plus étonné par tes rêves. J'avais écrit il y a déjà longtemps un texte sur la véracité des rêves en littérature (autrement dit les rêves relatés, retransmis, retranscris, écrits en poésie, romans etc. sont-ils inventés/remodelés fortement ou réels et sincère ?).

    Et tes rêves semblent tellement proches de rêves éveillés ou de somnolences dirigése que l'on n'a du mal à croire que ce sont de "vrais" rêves.

    Courage évidemment cependant.

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