mardi 30 juin 2009

Faille et alchimie spatio-temporelle.

J'ai fui longtemps cette réalité après laquelle je courais. Tartinée de lait Lancôme tous les soirs, un rituel pour m'occuper. J'ai passé cette soirée vouée à l'ennui et à la procrastination à boire du champagne pour accompagner ma pizza. Je "fête" le départ d'une amie de son appartement. Pizza-champagne ; nous sommes de parfaites pouffiasses.

Le nez dans Vogue, mes billets à la main, naviguer sans réfléchir jusqu'à destination.
Weekend suspendu au dessus du temps et des nuages. Cinq étoiles, bonheur à volonté, avec date d'expiration. Pendant deux jours, j'ai renoué tacitement avec ma plus délicieuse humeur. Incompétence devant une situation qui me remue au plus profond de moi, qui emballe mon coeur comme au premier jour. Dépaysement total, linguistique et affectif. Tant de facilité affichée à parler de tout et de rien, tant de difficulté à évoquer le fond du sujet, et une promesse de réévaluation à distance.
Du soleil, une terrasse au bord de la lagune, des mains qui s'entrelacent sereinement, autour d'un carpaccio de boeuf-parmesan. Mon cerveau qui oublie tout, ces trois mois de peine, pour se goinfrer avidement de chaque seconde de ce weekend.
J'ai caché mes envies dans un pyjama en satin rose, enveloppé mes espoirs d'une robe noire sous le genou, parfaitement de circonstance, le tout trop parfumé par CalvinKlein.
Mon corps aimanté par le sien, ma main qui le cherche constamment. Deux nuits dans ses bras, à refuser de fermer les yeux, pour en savourer chaque seconde, pour ne pas gâcher chaque instant avec lui, quand le temps ne passe que trop vite.
Des réflexes troublants, une complicité qui n'est pas si loin, des moments tellement semblables.

De retour en France, les cinq étoiles sont derrière moi, et je cours à présent vers une échéance de plus, en me fabriquant de nouvelles questions. Je regarde à nouveau ces mauvaises photos de la chambre et de notre lit d'un weekend, de ce champagne partagé, de mes bulles de savon dans le marbre italien. Sans visage, sans couple. Les seules photos de l'incomparable décor qui m'a vu heureuse pour deux jours, baignée dans le luxe et la volupté, dans la tendresse et les attentions.

6 commentaires:

  1. Dis, je ne suis pas déçue. Une semaine que je venais tous les jours sur ton blog en me demandant quand serait ton prochain post et quelle tonalité il aurait. Et j'aime encore plus que d'habitude. Tout ceci correspond à mon intuition que le paradis est toujours quelque chose de miniature. Le paradis existe, mais il ne peut durer que quelques heures, au mieux quelques jours... Et quand on revient dans notre monde habituel, on se sent d'un coup vulnérable, inutile. Ça me rappelle deux nuits magnifiques, il y a deux ans, qui sont ensuite parties en fumée. Probablement les deux plus belles de ma vie. Et quand j'en suis revenue : cette peur de l'ordinaire, cette nécessité à nouveau de tuer le temps. Merci, Miss E.

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  2. Je reviens ici et je tombe enfin sur un post qui ne donne pas envie de se jeter dans la Seine un soir de fête de la musique.
    C'est rafraichissant et toujours super bien écrit même si ce n'est qu'un rideau éphémère.

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  3. Ben, au contraire de vous, je le trouve aussi sinistre que les autres ce post. Une reminiscence alcoolisée d'un moment perdu deux ans en arrière, ça fait plus penser à de la mélancolie toxique qu'à un bonheur fou.

    Ca devrait être interdit de gâcher de la marchandise pareille...

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  4. Non, je t'assure, il n'y a rien de mélancolique ici. Que de la sérénité paisible. Que j'essaie au maximum de ne pas gâcher...

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  5. Pizza ... Champagne ... Drôle de mélange ! Mais pour compléter ce que disent mes acolytes ... On a du mal à saisir le ton de l'article !

    Je ne sais pas si c'est parce que je manque de sensibilité mais à chaque fois que je te lis, je n'arrive pas à saisir comment tu ressens ces moments de vie !

    SC

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  6. En ce moment, moi non plus... Plutôt sur le bon versant...

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