Ligne blanche

Ici, tout le monde s'inquiète de savoir où et surtout comment je vais. On s'acquitte de sa BA par un coup de fil, où on veut n'entendre qu'une version plaisante qui n'est pas au menu. Bien entendu, tout va bien, tout va toujours bien, tout ira bien. Ainsi, je suis plaisante ou presque.
13h30, une terrasse trop huppée pour nous, déjeuner avec ma mère. Une Dorade royale, un fraisier, trop de vin rosé. L'apparence délicate et nacrée d'une belle journée d'été. Sous le vernis qui craque, rien à se dire, deux heures à laisser défiler. Gêner le voisin avec une brume de fumée de cigarette, et mettre le serveur mal à l'aise en jouant à l'enfant gâtée. Je déteste les jours fériés.

Voyage commémoratif à l'hôpital avant le concours, refaire une dernière fois le tour des lieux, et me dire que c'est parti pour les quarante prochaines années, avec celui là ou un autre, ici ou ailleurs. Primum non nocere... Et ensuite il faudra faire le guet et attendre tout. Puis probablement faire le tour des villes dotées d'un CHU pour savoir où aller.

Mon bonheur se balade dans les oliviers probablement bercé par les détours improbables de routes champêtres, loin des inconvenances et des désagréments de la réflexion, libre comme une bulle de savon. Je dors mal pour ma part.

J'ai envie de décisions irrationnelles, démesurées, insensées, qui ne me ressemblent pas. Mais je suis incapable de savoir à quoi ça ressemblerait. Je me connais peu, en somme.